La marque du temps by Alain Bonneville

Auteur:Alain Bonneville [Bonneville, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romantisme, Espérance, Enfants, Souvenirs, Aimer
Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Parenthèse

Ce matin-là, j’errais sous un ciel bleu d’azur,

Cheminant tout gaiement à travers la verdure

D’un vaste pré perlé de gouttes de rosée

Qu’un pâle soleil d’Orient, né à l’aube du jour,

Habillait lentement de ses plus beaux atours

Tandis que me guidaient mes pas vers la vallée

Où coulait un ruisseau dont les eaux cristallines

Chantaient en frémissant sur les roches fines.

À l’ombre des noisetiers, dans l’air frais du matin,

Je m’assis sur la rive et fixai l’onde pure,

Étincelante au gré d’un vent léger badin

Qui, en toute candeur, réveillait la nature.

Cachée sous une pierre, toujours sur la défense,

L’écrevisse pointait ses antennes en silence.

Plus loin, la truite bleue chassait le moucheron

Qui s’abreuvait bien vite au bord du tourbillon.

Lovée sur le chemin, immobile la vipère,

L’œil mi-ouvert guettait, venu de la lisière

Du petit bois de hêtres, un mulot intrépide

Ignorant le danger, imminent et sordide :

Il pouvait à l’instant, lui ôter un printemps

Que ses jeunes années, privées d’expérience,

Mais riches de candeur et de l’insouciance

Qui sied à la jeunesse, pour encore quelque temps,

N’ont pas encore appris, qu’ici-bas, en ce monde

C’est la loi du plus fort qui fait tourner la ronde.

Je fermais mes paupières, j’esquissais un sourire

Le vide se fit en moi puis, je me mis à rire !

Là, je restais figé nageant dans le bonheur ;

Mon esprit s’évadait dans le parterre de fleurs.

Le dard du chaud soleil rompit ce doux moment

Où m’avait amené, pendant quelques instants,

Ce rêve intemporel qui nous conduit parfois

Sans que vraiment l’on sache les raisons de l’émoi

Dans un monde inconnu où tout n’est que lumière,

Un Paradis fleuri, une ultime prière.

Je quittais la rivière, perdu dans mes pensées,

Remontais la colline d’un pas sûr et léger.

Demain, je reviendrai m’asseoir près du cours d’eau

Pour y revivre encore, caché dans les roseaux,

L’instant éthéré qui, à une âme troublée,

Apporta le salut, tant et tant, espéré.

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